Ornementation

Entrons… Dès le seuil franchi, un sentiment de calme sérénité nous saisit.

Ni l’exubérance parfois pesante du proche baroque allemand, ni la sévérité souvent un peu obscure et austère de nombreux édifices gothiques.

Des volumes bien ordonnés, un certain charme apaisant, peut-être un peu campagnard, mais néanmoins empreint de dignité et de majesté…

Les huit piliers centraux supportent sans raideur, avec une certaine grâce, les volumineux chapiteaux d’où émergent de larges arcs doubleaux décorés de frises à décors symétriques colorés, à dominance de rouges, de bleus et d’ors.

L’enfilade des deux rangées de supports carrés de la nef pénètre dans le chœur pour y devenir piliers encastrés, séparant les trois travées de cette partie du sanctuaire.

L’édifice est voûté d’arêtes. Les cinq travées de la nef centrale, d’une architecture quelque peu osée car couverte en anse de panier sur un écartement assez important, sont doublées de part et d’autre par des nefs latérales, de moitié plus étroites à peine moins hautes que la partie centrale. Cette répartition des surfaces et volumes contribue à l’heureux effet d’homogénéité produit par cette grande halle rectangulaire de trente mètres de longueur et de vingt de large. S’y ajoute donc le chœur en chevet à trois pans, bien éclairé lui aussi par quatre hautes fenêtres en plein cintre.

Les arêtes des voûtes sont soulignées par un léger décor végétal. Elles servent de cadre, dans les différents champs ainsi délimités, à diverses compositions d’arabesques et de petits cartouches avec inscriptions pieuses et, dans la nef, des médaillons plus importants où l’on reconnaît les bustes de saints personnages liés à l’histoire du sanctuaire

La voûte du chœur quant à elle, propose sur un fond bleu assez prononcé, enchâssés dans un riche décor pseudo-Renaissance bien équilibré, un ensemble de Saints particulièrement attachés à la Vierge, parmi lesquels Dagobert, Casimir ou encore Thérèse et François de Sales…

Descendons de ces célestes hauteurs et faisons un rapide tour des murs de la basilique. Nous y trouvons une ornementation picturale impressionnante, sans parler des frises, des pourtours ou dessus de fenêtres, extrêmement variés.

Martin Feuerstein d’abord. Le Maître, dont nous n’allons pas rédiger la riche odyssée.

Né à Barr en 1856, fort doué pour le dessin, les arts plastiques, la peinture, il aboutit professeur à la “Kunstakademie” de Munich et fut anobli en “Ritter Martin von Feuerstein”. Rappelons que l’Alsace, à cette époque, était annexée aux pays germaniques. Ce titre est resté sans influence sur la qualité remarquable de son travail, notamment de ses peintures murales de grand format visibles à Thierenbach. Il en a signé au moins six, dans le chœur et dans les absidioles, les plus impressionnantes étant, dans le chœur “Les Noces de Cana” et “Jésus retrouvé au Temple”. Ces œuvres ont été produites dans une fourchette de plus de vingt ans d’intervalle, de 1891 à 1912.

Le cul-de-four de l’abside nord est meublé d’une émouvante scène peinte par René Kuder, autre artiste alsacien de renom, après les dégradations de la guerre de 1914-18. On reconnaît parmi les personnages rendant hommage à la Vierge sa fille Marie-France, alors âgée de treize ans…

La peinture à gauche de l’autel de la Vierge, ayant pareillement subi des avaries à la même époque, a été restaurée de façon magistrale par le strasbourgeois Marcel Imbs en 1926. Elle représente La sainte Famille et fait pendant aux Fiançailles de la Vierge et de saint Joseph, de Feurstein.

Dans le lambrissage du chœur, marbré blanc et rehaussé d’or, rythmé par une suite de montants cannelés à chapiteaux corinthiens et couronnés par un entablement mouluré, sont encastrés des panneaux représentant les Pères de l’Eglise. Ces peintures sont en partie anciennes (1840 environ), en partie modernes, sans caractère particulier.

Par contre, les quatre grandes toiles insérées dans les boiseries du fond du chœur, sont de très belle qualité et datent probablement du début du XVIIIe siècle. Elles illustrent les étapes de la vie de la Vierge. Seraient-elles bourguignonnes ? Cela nous renvoie immédiatement à Cluny…

Contre le mur de chevet du même chœur, dressé dans toute sa splendeur – un peu écrasante il faut le dire, le très ouvragé retable est installé là aux alentours de 1920 par les ateliers colmariens Klem. La toile de retable, en place dès 1846, a été peinte à cette date par Henri Beltz, de la proche localité de Soultz. L’Assomption y représentée est fortement inspirée d’une œuvre de Nicolas Poussin.

Nous ne nous arrêterons pas sur le Chemin de croix, peint sur panneaux de tôle par l’atelier parisien Chovet et Beau vers 1895. Bien plus intéressants sont les multiples ex-voto qui habillent toute la surface inférieure des murs de la nef et mériteraient à eux seuls une étude complète. Disons que le plus ancien de ceux conservés est un grand tableau de 1680, relatant la guérison miraculeuse d’un malade amené de Saint-Hippolyte. S’y reconnaît au premier plan la ville fortifiée de Soultz, son couvent des Capucins à droite, puis l’ancienne église romano-gothique du Pèlerinage, le château de Schauenburg…

Les autres tableautins présentent une source quasi inépuisable d’informations sur les diverses époques, le mode de vie, les soucis, préoccupations et détresses de nos ancêtres, de leur grande foi aussi. Ceux datés de 1795 à environ 1845, très parlants bien que souvent d’une naïveté touchante, sont produits essentiellement par Ottmar Beltz, père de l’auteur de la toile de retable. Des événements des deux guerres, des situations dramatiques ou désespérées sont relatés en grand nombre avec, toujours, l’expression de la confiance en Notre-Dame.

Quelques toiles plus importantes, en dimensions et en qualité, sont accrochées sur le mur sud de la basilique. Des Crucifixions de différentes époques, un portrait représentant Saint Louis, d’autres ex-voto encore… Ex-voto dont l’exposition se prolonge dans l’entrée latérale de l’église, jusqu’au premier étage du clocher. Dans cette même entrée, sous un cadre de verre, sont conservés les ornements, brodés d’or, portés par la Vierge lors de la cérémonie de son couronnement, en juillet 1935.